Message du DG de L'OOAS à l'occasion de la Journée de la Médecine Traditionnelle Africaine, le 31 Août 2019
Chers concitoyens de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO),
Le 31 août de chaque année, le continent célèbre la Journée de la Médecine Traditionnelle Africaine en affirmation de l'engagement commun du continent en faveur de la promotion des pratiques rationnelles de la Médecine traditionnelle. Cette année marque la 17ème édition de cette célébration depuis l’approbation par le Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement, tenu en juillet 2003 à Maputo, du Plan d'action pour la mise en œuvre de la Décennie de la Médecine traditionnelle africaine, et de l'instauration de la Journée africaine de la Médecine traditionnelle dans les Etats membres.
Cette année, le thème retenu intitulé : « Intégration de la Médecine traditionnelle dans les Programmes de formation en science de la santé dans les universités africaines » vient à point nommé étant donné les nombreux efforts déployés à travers le continent pour promouvoir ce secteur important, mais longtemps négligé. Il est nécessaire que les futurs professionnels de santé du continent, en particulier les médecins, comprennent les fondements de la médecine traditionnelle, bouée de sauvetage d’une grande partie de nos populations, en particulier les populations rurales.
Par conséquent, la célébration de cette année est un plaidoyer auprès des pays africains afin qu’ils assurent la promotion de la collaboration entre les principales parties prenantes, mettent en exergue les immenses bienfaits de la médecine traditionnelle africaine et, enfin, améliorent l'accès aux soins de santé universels sur l'ensemble du continent.
Aujourd’hui, nous à l'OOAS, avons toutes les raisons d'être fiers de notre modeste contribution à la promotion des pratiques rationnelles dans la médecine traditionnelle dans l’espace CEDEAO. En effet, au cours des 12 dernières années, la Médecine traditionnelle a été l’un de nos programmes prioritaires, et, ce faisant, nous travaillons d'arrache-pied avec les États membres dans le cadre de la mise en œuvre d’un large éventail d'interventions. ainsi qu’il suit :
- L’élaboration de politiques et d'un cadre réglementaire nationaux en matière de médecine traditionnelle, y compris des stratégies pour l’utilisation rationnelle de médicaments traditionnels de qualité, sûrs et efficaces.
- La promotion de la collaboration entre les praticiens de la Médecine traditionnelle et les médecins, y compris la tenue d'un congrès scientifique annuel ;
- L’introduction d’un module de 20 heures-crédits sur la médecine traditionnelle dans le curriculum harmonisé de la Médecine générale adopté par l'Assemblée des Ministres de la Santé de la CEDEAO tenue en 2015 ;
- La publication de la pharmacopée de la médecine traditionnelle en 2013 pour la promotion de l'utilisation rationnelle des médicaments à base de plantes, et dont la parution de la deuxième édition est prévue dans le courant de cette année ;
- La promotion de la recherche et du développement de produits de la Médecine traditionnelle ;
- La promotion de stratégies pour la protection des savoirs endogènes et des droits de propriété intellectuelle ainsi que la conservation des plantes médicinales rares et menacées.
- La documentation et la dissémination des bonnes pratiques de la Médecine traditionnelle ;
- L’éducation et la formation des praticiens de la Médecine traditionnelle ;
En effet, l'inclusion d'un programme de Médecine traditionnelle parmi les programmes prioritaires de l'OOAS, fait de la CEDEAO le premier bloc économique régionale en Afrique à prendre des mesures concrètes en vue de la réalisation de la Déclaration d'Alma-Ata de 1978 qui en appelait aux États membres de l' Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour l’intégration de la Médecine traditionnelle dans leurs systèmes de santé primaires et la reconnaissance des praticiens de la Médecine traditionnelle comme prestataires de soins de santé. Plusieurs institutions de la région ont déjà introduit le programme de formation de l'OOAS relatif à la Médecine traditionnelle dans leurs curricula de formation de premier cycle en Médecine et certaines de ces institutions ont mis en place leurs propres programmes de formation en la matière. Par exemple, l'Université Kwame Nkrumah des sciences et de la technologie de Kumasi, au Ghana, a instauré en 2001 une Licence en sciences de Phytothérapie pour la formation des étudiants en Médecine. En 1987, le Nigéria a mis en place l'Institut national pour la recherche et le développement pharmaceutiques (NIPRD) en tant qu'organisme parapublic relevant du Ministère fédéral de la science et de la technologie, avec pour principal objectif de mettre au point des médicaments, des produits biologiques et des matières premières pharmaceutiques à partir de ressources locales. Des pays comme le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et le Mali ont adopté une approche tout aussi novatrice en offrant à leurs étudiants en Médecine de premier cycle, des enseignements sur certains aspects de la Médecine traditionnelle. Certains étudiants en fin de cycle en ont même fait l’objet de leurs thèses de doctorat.
Cependant, en dépit de tous ces efforts déployés, il reste encore d’énormes défis à relever. Compte tenu de la nécessité urgente pour les Etats-membres de la région de renforcer leurs systèmes de santé à travers la mise en place d'infrastructures modernes, d'équipements onéreux, et des technologies de la santé adéquates, disposer de ressources suffisantes pour le développement de la Médecine traditionnelle reste un défi de taille. Le secteur de la Médecine traditionnelle est donc sous-financé, le cadre réglementaire est inadéquat, et les mécanismes sont inappropriés en matière de contrôle de l'innocuité, de l'efficacité et de la qualité des produits de la Médecine traditionnelle. En outre, il est urgent d'améliorer les pratiques de fabrication qui sont inappropriées, d'accroître l’appui à la recherche et au développement en médecine traditionnelle et d'introduire des méthodes de conservation afin de prévenir les taux élevés de déforestation et ses conséquences sur l’ environnement. Relever ces défis permettra de réduire de façon significative, la prolifération des charlatans et des pratiques malsaines qui ont un impact négatif sur les populations vulnérables.
Le défi que l'OOAS lance aux États membres de la CEDEAO à l'occasion de la Journée africaine de la médecine traditionnelle 2019 est la nécessité pour chaque pays de se résoudre à nouveau à honorer les obligations et engagements internationaux clés auxquels il a souscrit, notamment :
- La Stratégie régionale de l'OMS pour la Médecine traditionnelle, qui vise optimiser l'utilisation de la Médecine traditionnelle,
- La Déclaration d'Abuja issue du Sommet des chefs d'État et de gouvernement tenu en avril 2001 qui invite à accorder une priorité à la recherche sur les plantes médicinales en Afrique, et
- Le document de stratégie de l’OMS dénommé « Deuxième Décennie 2011-2020 de la Médecine traditionnelle » qui en appelle à des réformes législatives nécessaires dans les États membres afin de faciliter l'intégration de la Médecine traditionnelle dans les systèmes nationaux de santé.
A l'occasion de la 17ème édition de la Journée africaine de la Médecine traditionnelle, je voudrais rendre un vibrant hommage aux tradi-praticiens de la région et à toutes les parties prenantes, acteurs étatiques et non-étatiques, qui nous accompagnent dans la promotion de ce secteur. Puissions-nous ensemble redoubler nos efforts de collaboration afin d’offrir de meilleurs soins de santé aux populations de notre région!
Vive la CEDEAO!
Vive la Médecine traditionnelle africaine!