Message du directeur général de l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS), Dr Melchior Athanase J.C. AÏSSI

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JOURNÉE DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE AFRICAINE

31 Août 2022     

  • Mesdames et Messieurs les Ministres de la Santé des États membres de la CEDEAO,
  • Chers Praticiens de la médecine traditionnelle et Professionnels de la médecine conventionnelle
  • Cher(s) Représentant(s) des Collèges Ouest-Africains,
  • Distingués collègues du monde universitaire et des services de soins de santé,
  • Chers représentants des universités et des institutions de recherche
  • Chers Collègues professionnels, chers membres des médias et de la presse, Mesdames et Messieurs,

 

Je voudrais, au nom du Président de la Commission de la CEDEAO, Son Excellence Dr Omar Alieu Touray, et en ma qualité de Directeur général de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), vous adresser nos chaleureuses et fraternelles salutations.

 

J'ai l’insigne honneur de délivrer le présent message à l’occasion de la célébration de la Journée de la Médecine Traditionnelle Africaine, le 31 août 2022, dont le thème de cette année est : « Deux décennies de médecine traditionnelle africaine: Progrès réalisés en matière de couverture sanitaire universelle en Afrique ».

La santé est un droit humain fondamental. L'incapacité de l'humanité à offrir une couverture sanitaire universelle (CSU) constitue une violation de ce droit. Cette question doit donc être traitée comme une priorité absolue. Cela n’est réalisable que si les capacités de détection des maladies et des épidémies en font partie intégrante. La science médicale fournit des indicateurs clés dans le cadre du diagnostic et du traitement des maladies ou des blessures, et en matière de ressources humaines en santé et de la recherche (y compris la médecine traditionnelle). Par ailleurs, ces indicateurs s’avèrent nécessaires pour le diagnostic, le traitement et les soins de santé majeurs en faveur des populations, surtout à la base.

Il y a quarante ans, précisément le 12 septembre 1978, 134 pays se sont réunis à Almaty (Alma-Ata) au Kazakhstan en Asie centrale et se sont engagés, à travers une déclaration, à assurer la « santé pour tous » à l’horizon 2000. Malheureusement, cet engagement n’a pu être honoré. Aujourd'hui, 400 millions de personnes au minimum n'ont pas accès aux soins médicaux de base et plus de 40 % de la population mondiale ne bénéficie d'aucune protection sociale.

Les maladies transmissibles et non transmissibles causent chaque année des millions de décès, entrainant une augmentation des dépenses de santé de plusieurs milliards et, par conséquent, occasionnent des pertes économiques à l'échelle mondiale qui se chiffrent en milliers de milliards. Cependant, certaines des nouvelles menaces de maladies transmissibles telles que la COVID-19, la variole du singe, la maladie à virus Ebola, la grippe, le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), le spectre imminent de la résistance antimicrobienne (RAM), la dengue et le Zika ont mis à rude épreuve l'Organisation mondiale de la santé en termes de fourniture d’un meilleur système de santé au monde.

Conjointement, ces maladies infectieuses connues et inconnues mettent non seulement en péril la santé humaine, mais mettent aussi à mal de nombreuses prospérités économiques et sociales. Cela est dû à l'absence d'une entité unique de haut niveau qui puisse assurer la surveillance des menaces potentielles d’origines biologique, accidentelle ou naturelle, etc., ainsi qu’assurer le suivi des tâches de l'organisation en matière de justification, d’investigation et de dissuasion.

 

Comme nous le savons tous, les indicateurs de santé de notre région restent faibles en dépit des années de mise en œuvre de nombreuses initiatives dans le secteur de la santé. Plusieurs années après la Déclaration de Ouagadougou sur les soins de santé primaires et le système de santé en Afrique : Réaliser une meilleure santé pour l'Afrique au cours du nouveau millénaire (28-30 avril 2008), nos systèmes de santé restent fragiles et doivent faire face à plusieurs défis, notamment un financement inadéquat, des systèmes de surveillance faibles, une infrastructure de santé publique en mauvais état et des ressources humaines en matière de santé très insuffisantes. Le Rapport 2017 de l’Organisation mondiale de la santé, s’appuyant sur le seuil minimal de 2,28 professionnels de la santé pour 1.000 habitants, note qu’il y a une forte pénurie d’agents de santé dans 57 pays dans le monde.  Tous les 15 États membres de la CEDEAO figuraient parmi les 57, la densité moyenne de professionnels de la santé dans la région étant de 0,73 (intervalle de 0,05 à 1,97) pour 1 000 habitants. 

Pour combler cette insuffisance, les pays doivent investir dans l'achat de vaccins, le développement des ressources humaines en santé (y compris la promotion de la médecine traditionnelle), dans la promotion du secteur de la santé mobile ou la télésanté, dans la réalisation de diagnostics précis, dans la mise en place de réseaux de laboratoires durables, connectés et intégrés, dans l'achat de matériels de diagnostic de qualité et dans la formation de chercheurs en médecine traditionnelle. Nous ne pouvons donc pas mener à bien le programme de santé dans la région sans remédier à la grave pénurie de ressources humaines dans le domaine de la santé. Certains États membres ont adopté des mesures pragmatiques pour améliorer l'utilisation des services des professionnels de la santé afin d'obtenir de meilleurs résultats en matière de santé ; cependant la mise en œuvre est lente et les résultats diffèrent d’un État membre à un autre. Les questions liées aux professions de la santé, à l’élaboration des politiques de santé, à la pertinence des curricula de formation, au développement professionnel continu, aux conflits interprofessionnels et à la politique de rétention du personnel ne cesse d’entraver le développement du secteur de la santé.

Le recours aux plantes médicinales pour le traitement des maladies remonte à l’antiquité. Les plantes médicinales constituent dès lors une ressource vitale qui peut être exploitée pour ses effets bénéfiques tant au niveau sanitaire que socio-économique. Cependant, les avantages de la médecine traditionnelle sont largement ignorés dans de nombreux milieux en raison de préoccupations concernant la qualité, l’innocuité et l’efficacité des médicaments à base de plante, ainsi qu’en termes de dosages non standardisés et de preuves scientifiques limitées.

 

En outre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a présenté des propositions à l'Assemblée mondiale de la santé en 1988, qui ont été adoptées en tant que Résolution AMS41.19 sur la Médecine Traditionnelle. La résolution a mis l’accent sur la nécessité d’une coordination et d’une coopération internationales en vue de jeter les bases de la conservation des plantes médicinales afin de garantir leur disponibilité en quantités suffisantes au profit des générations futures. Cette résolution a officiellement inscrit l'utilisation rationnelle et durable et la conservation des plantes médicinales au cœur des politiques actuelles de santé publique. Dans la foulée, de nombreux pays de la région africaine utilisent, depuis lors, les outils adoptés dans le cadre de leurs politiques nationales de conservation des plantes médicinales pour cultiver de nouvelles variétés de plantes médicinales et en produire des informations et des inventaires scientifiques.

 

Par ailleurs, qu’il vous en souvienne, lors de la 22e Session Ordinaire de l'Assemblée des ministres de la Santé de la CEDEAO qui s'est tenue à Abuja, au Nigéria, en novembre 2021, les ministres de la Santé ont approuvé la mise en place du Comité consultatif et du Comité de pilotage du programme de Médecine Traditionnelle de l'OOAS. Cela reflète le désir de l’Organisation, de vous donner les moyens, en tant que partenaires clés, de promouvoir une médecine traditionnelle rationnelle en vue de son institutionnalisation finale dans les systèmes nationaux de santé. La pérennisation de ce partenariat passe évidemment par une collaboration renforcée entre les praticiens de la médecine traditionnelle et les professionnels de la santé, comme en témoignent toutes les expériences réussies dans ce domaine sur le continent et au-delà. J’ai la ferme conviction que fort de ce quitus donné par l'Assemblée des ministres de la Santé, le programme de médecine traditionnelle de l'OOAS est mieux conçu pour sa vulgarisation dans les pays afin d'avoir un impact maximal sur les populations. Au regard de ce qui précède, l'expertise scientifique et technique disponible dans l'espace CEDEAO constitue un atout majeur dans la capitalisation des ressources humaines à mobiliser pour une contribution efficiente et efficace de la Médecine Traditionnelle dans la gestion des maladies prioritaires, notamment les maladies émergentes et ré-émergentes.

 

L'OOAS a également assuré le parrainage de la production des premier et deuxième volumes de la Pharmacopée des plantes médicinales de l’Afrique de l’Ouest qui fournit en détail les informations pertinentes sur la toxicité, l'identité et la pureté, les caractéristiques macroscopiques et microscopiques, la description des plantes, les utilisations ethnomédicales, l’innocuité scientifique et clinique des plantes médicinales disponibles en Afrique de l'Ouest. En effet, dans toute l'Afrique, les remèdes naturels sont de plus en plus demandés dans le cadre de la recherche et le développement afin d'améliorer l'accès aux médicaments essentiels de qualité. C'est pourquoi l’OOAS, dans le cadre de son Plan d’action 2023 pour la médecine traditionnelle, entend établir un partenariat avec les centres de recherche en phytothérapie de la région en vue de renforcer leurs capacités pour leur permettre de mettre l’accent sur la production de médicaments à base de plantes à l'efficacité prouvée.

 

L'Organisation Ouest-Africaine de la Santé, en ce qui la concerne, continuera à être proactive et à travailler en collaboration avec différentes organisations et partenaires aux fins de mettre en œuvre les décisions des Chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO sur toutes les questions de santé dans la région, notamment la formation, le renforcement des capacités et la recherche sur l'accès au traitement de toutes les maladies et pathologies émergentes et ré-émergentes. Nous ne ménagerons aucun effort pour appuyer la recherche et le développement des médicaments à base de plantes afin de garantir leur utilisation rationnelle au profit de la population de la CEDEAO. 

 

Pour conclure, je voudrais exprimer ma sincère gratitude aux ministres de la Santé pour leur appui indéfectible à l'OOAS, et à tous ceux qui ont contribué, directement et indirectement à la promotion de la médecine traditionnelle en Afrique de l'Ouest pour l'accès aux soins de santé et l'amélioration de la santé des communautés à la base.

Vive la Médecine traditionnelle africaine !  Vive l’OOAS !! Vive la CEDEAO !

 

Thank you very much! Merci beaucoup!! Muito Obrigado!!

 

 

Programme concerné
Organisation Ouest Africaine de la Santé
01 BP 153 Bobo-Dioulasso 01 / Burkina Faso
(226) 20 97 01 00 / (226) 20 97 57 75
(226) 20 97 57 72